Kenza Drareni

Prix Trémolières 2021

Kenza-drareni

Taste and Cancer : Satisfy the senses to maintain food enjoyment during chemotherapy
(Goût et Cancer : Satisfaire les sens pour maintenir le plaisir de manger pendant une chimiothérapie)

Le projet

  • Auteur : Kenza Drareni
  • Centre de recherche : Centre de recherche en Neurosciences de Lyon, Institut Paul Bocuse
  • Thème : Approche sensorielle
  • Type de document : Thèse de doctorat en Neurosciences

Son prix lui sera remis lors de la JABD du 4 février 2022.

Descriptif

Le Comité Scientifique de l’Institut Benjamin Delessert a décerné le Prix Tremolières 2021 à deux lauréates : Kenza Drareni pour sa thèse : « Taste and Cancer : Satisfy the senses to maintain food enjoyment during chemotherapy » et Marine Mas pour sa thèse « Compréhension des processus cognitifs de traitement de l’information alimentaire chez des individus normo-pondéraux, en surpoids et en obésité : influence d’un amorçage olfactif implicite et rôle des caractéristiques individuelles ».

Résumé

Le maintien du plaisir à s’alimenter durant un traitement par chimiothérapie est un enjeu majeur pour les patients, leurs familles et les professionnels de la restauration en hôpital afin de lutter contre la dénutrition. Or, les altérations sensorielles fréquemment observées chez les patients et exprimées différemment d’un patient à l’autre peuvent interférer avec le goût des aliments, impactant négativement le plaisir résultant de leur consommation.

L’objectif de ce travail est de contribuer à définir un modèle exhaustif de l’effet de la chimiothérapie pendant le cancer sur les capacité olfactives et gustatives des patients, et des conséquences que cela peut avoir sur leur comportement alimentaire.

Une première partie porte sur la compréhension de la variabilité des modifications sensorielles et de leurs conséquences sur le comportement alimentaire des patients. Nos résultats ont conclu à l’existence de divers profils sensoriels chez les patients sous chimiothérapie : les patients ne présentant pas d’altérations sensorielles, les patients présentant une hyposensibilité, et les patients présentant une hypersensibilité aux stimulations olfactives/gustatives. Les patients ayant des altérations des capacités olfactives/gustatives ont également montré des modifications du comportement alimentaire.

D’une part, la classification des patients sur la base de leurs capacités sensorielles autodéclarées a mis en évidence l’impact négatif de l’hyposensibilité aux stimulations olfactives et gustatives sur la perception des aliments. D’autres part, une classification basée sur les capacités olfactives évaluées par des tests psychophysiques a montré une modification des habitudes de consommation chez les patients atteints d’hyposmie. Les deux approches ont conclu à une tendance générale à la baisse des capacités perceptives chez les patients atteints de cancer et traités par chimiothérapie.

Une seconde partie plus opérationnelle a permis de tester l’enrichissement sensoriel comme stratégie de palliation des déficits sensoriels. Les résultats suggèrent qu’un enrichissement en saveur ou en arôme augmente l’appréciation de l’aliment pour le groupe de patients ayant reporté une baisse de la sensibilité olfactive/gustative, ainsi que les patients n’ayant pas déclaré avoir de déficits sensoriels mais pas dans le groupe de sujets contrôles.

Ces travaux mettent en évidence la diversité interindividuelle existante entre les patients et confirment l’implication des altérations olfactives/gustatives dans la modification du comportement alimentaire. Nos résultats soulignent l’importance d’une prise en charge nutritionnelle personnalisée des patients selon leur profil d’altérations sensorielles.