Francisca Joly

PPR 2003

Prolifération et différenciation cellulaires coliques : comparaison entre syndrome du grêle court et contrôles chez l’Homme

Projet de recherche

  • Auteur : Francisca Joly
  • Centre de recherche : Laboratoires d’accueil : INRA Laboratoire de nutrition et de sécurité alimentaire et l’Unité d’Ecologie et de Physiologie du système digestif. JOUY EN JOSAS (Responsable du laboratoire : Béatrice DARCY-VRILLON et actuellement Gérard Corthier)
  • Thème : Pathologie digestive

Présentation, objectifs et résultats attendus

Présentation

Le syndrome de grêle court entraîne une malabsorption avec diarrhée nécessitant fréquemment une nutrition parentérale. Des observations cliniques sont en faveur d’une adaptation colique. En effet, la présence du côlon en cas de syndrome de grêle court réduit la dépendance à la nutrition parentérale.

Objectifs

Étude des modifications de l’épithélium colique pouvant refléter une adaptation du côlon chez des patients avec syndrome du grêle court par comparaison avec des sujets contrôles.

Étapes

Travail réalisé chez 10 patients porteurs de syndrome du grêle court, comparés à 10 sujets contrôles. Etude des paramètres suivants :
Absorption intestinale chez les sujets avec grêle court : après enquête diététique (commune à tous les sujets étudiés), évaluation de l’azote, des graisses, des calories totales et, par déduction, des glucides. Adaptation de la muqueuse colique au niveau cellulaire : évaluation des profils d’expression des gènes de marqueurs de différentiation et de prolifération cellulaire. Analyse des critères fonctionnels via des gènes codant dans le côlon pour les transporteurs ioniques. Adaptation bactérienne : étude de la composition en grands groupes phylogénétiques de la flore fécale et analyse des profils de diversité d’espèces dominantes. Morphologie du côlon in toto : étude par coloscopie virtuelle (coloscanner).

Bilan

Mise en lumière du rôle des nutriments, notamment des glucides malabsorbés dans le grêle et fermentés dans le côlon, dans les éventuels phénomènes de différentiation / prolifération cellulaire. Recherche d’une adaptation qualitative de la flore fécale et mucosale ainsi que d’un impact sur l’adaptation colique fonctionnelle absorptive du colonocyte.

Communications

Poster : Congrès de l’ESPEN septembre 2007 Prague Communication orale : Congrès de la SFN Décembre 2007Publication
Joly F, Mayeur C, Bruneau A, Lavergne-Slove A, Cherbuy C, Levenez F, Duée PH, Messing B, Thomas M. Large intestinal resection induces changes in human colon: study of H+/oligopeptide cotransporter 1 (PepT1), Na+/H+ exchangers 3 and 2 (NHE 3 and NHE 2) and intestinal microbiota. Proc Nutr Soc. 2008 May;67(OCE):E163.

Perspectives

Nous avons inclus au total 10 patients avec syndrome de grêle court que nous allons comparer à 10 sujets sains. Les résultats préliminaires montrent l’absence d’augmentation de prolifération cellulaire au niveau des cryptes coliques chez les patients avec SGC mais on note une augmentation du nombre de cellules épithéliales ce qui pourrait témoigner d’une adaptation morphologique. Concernant les transporteurs évalués, nous avons étudié un transporteur de sodium (NHE3) et de di-peptides (PepT1). Nous avons retrouvé chez les sujets sains un effet site c’est – à dire une expression de l’ARNm différente selon que les prélèvements aient été réalisés au niveau du côlon droit, transverse ou gauche. NHE 3 est plus abondant en proximal (proche de l’intestin grêle) par rapport au côlon gauche alors que le gradient est inverse pour PePT1. Si ce gradient est bien retrouvé pour NHE3 chez les patients avec SGC, il n’est pas retrouvé de gradient pour PepT1 chez les patients réséqués et chez ces derniers l’expression l’ARNm semble plus importante que chez les sujets sains. Ces résultats d’interprétation difficile nécessitent encore d’être analysé. Pour finir, un résultat très intéressant semble être l’étude de la flore. En effet, chez les patients avec SGC ; on retrouve un appauvrissement de la complexité de la flore dominante et une souche bactérienne présente de manière constante de la famille des Lactobacillus alors que les Clostridium leptum semblent absents de la flore dominante. Les perspectives reposent maintenant sur une exploration quantitative de la flore. Par ailleurs, il faudra préciser le rôle positif et négatif de cette adaptation de la flore. Il existe chez certains patients avec SGC une pathologie liée à la flore : l’encéphalopathie D lactique dont les conséquences cliniques peuvent très graves (troubles neurologiques pouvant aller jusqu’au coma). Une meilleure connaissance de la flore chez ces patients pourrait être un premier pas pour envisager rapidement des thérapeutiques ciblées.