Jean-Luc Veyrune

PPR 2006

Étude descriptive des paramètres de la mastication chez des patients présentant une indication de chirurgie bariatrique pour obésité morbide

Projet de recherche

  • Auteur : Jean-Luc Veyrune
  • Centre de recherche : Laboratoire d’accueil : Equipe d’accueil 3847 Université d’Auvergne CLERMONT-FERRAND (Responsable du laboratoire : Pr. Martine HENNEQUIN)
  • Thème : Santé bucco-dentaire

Présentation, objectifs et résultats attendus

Présentation

Le succès à long terme des traitements par chirurgie bariatrique est conditionné par la capacité du patient à modifier son comportement alimentaire. Le comportement masticatoire en est une composante et est lui même sous la dépendance directe de l’état bucco-dentaire. Le domaine de la mastication et les paramètres en mesure d’intervenir sur la capacité masticatoire sont toutefois rarement pris en compte lors de la prise en charge de ces patients.

Objectifs

Caractériser comparativement à un groupe témoin, les paramètres de la mastication d’un groupe d’obèses en fonction de leur état dentaire, notamment en prenant en compte le port de prothèses amovibles et le nombre d’unités fonctionnelles masticatoires (UF).

Étapes

Après recrutement des sujets :
Séance 1 : réalisation d’un bilan bucco-dentaire avec relevé des indices carieux et parodontaux ; scoring du questionnaire de qualité de vie en relation avec la santé orale. Séance 2 : 1 mois à 1 semaine pré-opératoire, enregistrement des paramètres masticatoires ; relevé de l’IMC du patient ; évaluation du nombre d’UF ; enregistrement des indicateurs vidéoscopiques au cours d’une collation expérimentale (10 portions d’aliments) ; enregistrement de la répartition granulométrique du bol alimentaire après mastication de 3 portions de carotte crue et de cacahuètes avec recueil du bol avant déglutition. Séance 3 : chirurgie bariatrique Séance 4 : 3 mois après l’intervention, enregistrement des paramètres de la mastication ; bilan dentaire : contrôle des critères de sortie précoce et bilan salivaire ; relevé de l’IMC ; évaluation de la qualité de vie en relation avec la santé oral ; évaluation du nombre d’UF ; enregistrement des indicateurs vidéoscopiques au cours d’une collation expérimentale (10 portions d’aliments) ; fin de l’étude.

Bilan

Les résultats intermédiaires, obtenus au cours des 6ers mois de l’étude, montrent l’importance du rétablissement d’une occlusion fonctionnelle avant d’effectuer une chirurgie type « by-pass », notamment en cas de nombre d’UF réduit. Dans ce cas, la diminution de la capacité masticatoire, qui entraîne une incapacité à réduire correctement les aliments durs et fibreux, doit être prise en compte dans l’établissement du régime de ces patients. La fréquence de mastication diminue avec l’augmentation de l’IMC. Le temps de mastication et le nombre de cycles augmente également avec l’élévation de l’IMC. Ce dernier résultat est à rapprocher de celui de la granulométrie qui montre une moindre efficacité masticatoire qui varie avec le statut dentaire. Les personnes obèses dentés sont capables d’adaptation, en produisant plus de cycles pendant un temps plus long elles déglutissent un bol de granulométrie comparable aux témoins. Cette adaptation ne se retrouve pas pour des états dentaires dégradés.

Perspectives

Ce travail peut permettre aux équipes médicales qui suivent des patients obèses de considérer les facteurs dentaires parmi des facteurs plus généraux de capacité des patients obèses à modifier leur comportement alimentaire. A cet égard, l’état bucco-dentaire pourrait être un facteur pronostique de réussite de la chirurgie bariatrique. Ce projet fournira des données pour évaluer si les patients obèses peuvent bénéficier de réhabilitations prothétiques amovibles ou si ce type de réhabilitation est incompatible avec le comportement masticatoire requis dans le cadre de la chirurgie bariatrique.

Publications

JL Veyrune, C Chaussain Miller, S Czernichow, C A Ciangura, E Nicolas, M Hennequin. Impact of morbid obesity on chewing ability. Obes Surg .2008 Nov;18(11):1467-72.