Pierre Fourneret

PPR 2019

Apport du Neurofeedback EEG (NFB) comme stratégie thérapeutique complémentaire dans l’anorexie mentale chez les patients adultes

Projet de recherche

  • Auteur : Pierre Fourneret
  • Centre de recherche : Hôpital Femme Mère Enfant BRON
  • Thème : Comportement alimentaire

Présentation, objectifs et résultats attendus

Présentation

Des spécificités d’allocation attentionnelle ont été mises en évidence dans l’Anorexie Mentale (AM). En effet, il existe une allocation préférentielle automatique de l’attention vers des stimuli alimentaires et corporels. Ces biais attentionnels sont considérés comme des facteurs de maintien de cette pathologie à haut risque de chronicisation et pour laquelle aucune thérapie n’a fait ses preuves chez l’adulte.
Schmidt et al (2009) et Hakamata (2010) montrent qu’une intervention ciblée sur les biais attentionnels envers les stimuli jugés menaçants réduit les difficultés dans l’anxiété sociale et l’anxiété généralisée. Une modification des biais attentionnels pourrait ainsi réduire la vulnérabilité émotionnelle face à des événements stressants en modulant la capacité à orienter ou désengager son propre focus attentionnel de l’information aversive.

Démarche

Nous proposons d’axer un travail thérapeutique sur ces biais attentionnels dans l’AM par le biais du neurofeedback (NFB). Le NFB est une technique non invasive, permettant au patient d’apprendre à moduler certaines amplitudes cérébrales par le biais d’une interface cerveau-ordinateur. Un lien entre l’onde alpha et une fonction d’inhibition des distracteurs attentionnels est de plus en plus documenté. L’onde alpha, lorsqu’elle est augmentée, permettrait une amélioration du filtrage attentionnel (filtre de salience), limitant ainsi les biais attentionnels et les ruminations mentales. Voici les étapes successives de ce travail thérapeutique : Durée de la période d’inclusion : 30 mois / Durée de la participation pour chaque sujet : 3 mois / Durée totale de l’étude : 33 mois

1er Objectif

Ici, l’un des objectif sera ainsi d’apprendre aux patients à augmenter l’onde alpha, dans le but d’améliorer la fonction de filtre attentionnel. La littérature est de plus en plus fournie quant à l’emploi du NFB, notamment dans des troubles anxieux partageant de nombreuses caractéristiques avec l’AM. La seule étude qui s’est penchée sur l’emploi du NFB dans l’AM rapporte des résultats intéressants, mais note une nécessité d’être répliquée à l’aide d’une méthodologie plus rigoureuse. L’autre objectif sera de montrer chez des patientes atteintes d’AM qu’un traitement par NFB de 8 séances entraîne une réduction significative des biais attentionnels axés sur les stimuli alimentaires, comparativement à un dispositif placebo.

2nd Objectif

Dans un second temps, cette étude permettra également de :
Montrer le maintien de l’efficacité du traitement par NFB quatre semaines après la fin du traitement sur la réduction des biais attentionnels. Puis, étudier l’impact du traitement par NFB sur les comportements alimentaires, l’anxiété, l’humeur et la régulation émotionnelle. Et enfin, étudier l’impact du traitement par NFB sur le poids.

Perspectives

Nous proposons d’étudier l’impact du NFB chez 32 patientes atteintes d’AM par le biais d’un essai randomisé et contrôlé en simple aveugle. Notre critère principal sera le temps d’exécution lors d’une épreuve cognitive de Stroop alimentaire. Nous étudierons également l’impact du NFB sur la prise de poids, les comportements alimentaires, l’anxiété, l’humeur et la régulation émotionnelle.

Résultats

Les résultats attendus sont une réduction significative des biais attentionnels évalués par le biais d’épreuves cognitives, dans le groupe expérimental, comparativement à un groupe placebo. De manière secondaire, un maintien de ces résultats est attendu quatre semaines après l’arrêt du traitement. Un impact sur le poids, l’anxiété, l’humeur, les comportements alimentaires et la régulation émotionnelle est également attendu.